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L’hotel des chinoiseries fiscales

Jeudi 28 Septembre, Hong Kong

Aujourd’hui, nous souscrivons au ritual impose des touristes et decidons de grimper jusqu’au Peak, la celebre colline qui domine Hong Kong. Le tramway d’epoque (ou sa reconstitution) a ete conserve pour le plus grand bonheur des touristes et se lance vaillamment a l’assaut de la pente. Quelques arrets intermediaires ponctuent la montee au sommet et disposent d’une sonnette permettant aux eventuels passagers de demander l’arret du tramway. Celui-ci s’immobilise alors en pleine pente, tellement penche qu’il vaut mieux rester assis. Gloups, il faut esperer que les freins ne sont pas d’epoque ! Arrives au sommet avec notre chargement de touristes en bobs / appareils photos, nous grimpons a l’horrible Peak Tower, tour en forme de robot de manga, construite la pour gagner quelques precieux metres de panorama. Et en effet, une fois sur la terrasse, le panorama est saisissant : accoudes a la rambarde pour echapper au vertige, nous dominons tout Hong Kong et avons une vue superbe sur Central (le quartier des affaires), la baie de Hong Kong et Kowloon, l’ile d’en face. Quelques ferrys aux allures de jouets vus d’ici laissent un sillage blanc dans leur traversee d’une ile a l’autre. Nous pouvons pleinement admirer les differents gratte ciel, chacun rivalisant d’originalite au profit de la compagnie qu’il represente.
_Avant la suite du programme, nous faisons une pause dejeuner dans le restaurant qui s’impose : le Café Deco et sa terrasse dominant la baie. Ce n’est pas tout a fait dans notre budget (voire pas du tout) mais nous commencons a desesperer de trouver un jour un restaurant a notre gout a Hong Kong. Nous avons beau faire des efforts et essayer de trouver un interet a la cuisine chinoise, les eternels plats de nouilles et riz commencent a nous lasser. Nous payons donc une fortune (du moins par rapport a notre budget habituel, en euros ca reste raisonnable !) pour une soupe et un plat de spaghettis carbonara qui n’auront jamais ete autant apprecies. Reconfortes par ce petit retour a la cuisine occidentale, nous partons a pied pour une promenade par la mythique Lugard Road, route qui fait le tour du Peak, et qui est depuis longtemps la balade favorite des Hong Kongais. Apres quelques metres, la ville s’efface et disparait derriere la vegetation. Entoures de grands arbres, des chants d’oiseaux et du vol des papillons, nous avons vraiment du mal a croire que nous sommes a quelques pas d’une aussi grande ville que Hong Kong ! De temps en temps, une echappee a travers les arbres nous permet de verifier que si, si, les gratte ciel sont bien toujours la. La route tourne autour de la colline et nous offre ensuite une belle vue sur le port de Hong Kong. Des dizaines d’enormes navires porte containers se pressent dans la baie, entoures de plus petits bateaux surmontes d’une grue et servant a les decharger sans attendre qu’une place se libere dans le port. C’est reellement impressionnant, les porte containers sont si gros que les bateaux situes a proximite paraissent des miniatures a cote d’eux. Je suppose qu’une grande part de nos marchandises consommees en Europe et fabriquees en Chine transitent par ici mais c’est en voyant le ballet de ces monstres qu’on le realise vraiment. Nous continuons notre balade et redescendons a pied vers la ville apres avoir profite d’un parc concu pour la détente des citadins avec parcours sante, galets pour le massage des pieds et jolies pelouses bien tentantes pour la sieste.

Nous profitons ensuite de la bibliotheque de Hong Kong, immense batiment tout neuf de 6 etages offrant une connexion gratuite a Internet. Ce n’est donc qu’en fin d’apres midi que nous rentrons a l’hotel. Je suis un peu inquiete car jusqu’ici nous n’avons eu que des ennuis avec cet hotel : rien de grave, mais tous les jours il y a quelque chose de nouveau qui nous oblige a changer de chambre et nous commencons a nous mefier un peu. Je me demande donc ce qu’ils vont avoir encore invente aujourd’hui, tandis que Thibaut, toujours optimiste, n’est pas convaincu par mes inquietudes. Nous ouvrons la porte de notre chambre sans avoir ete accostes par la gerante (ouf !) et restons bouche bee : la chambre est vide comme au premier jour et toutes nos affaires ont disparu. Nous regardons autour de nous quelques instants, un peu perplexes, mais il n’y a pas de doute, c’est bien la chambre que nous avons quittee ce matin mais vide. Alertee par nos cris de stupeur, la proprietaire arrive en courant et nous montre que nos sacs n’ont pas disparu mais ont ete ranges dans les placards. Tout ce qui trainait, livres sur le bureau, affaires de toilette a la salle de bain, habits poses sur une chaise, a pareillement ete emporte par la tornade rangeuse et cache dans les tiroirs ou armoires. Nous n’en croyons pas nos yeux et meme si apparemment rien ne manque, nous ne comprenons rien a cet exces de zele dans la maniere de faire le menage. Histoire de nous achever, la proprietaire nous annonce que la chambre est bien disponible demain mais que nous ne pourrons pas y acceder entre 9h et 19h, des travaux de decoration devant etre realises. Cette fois c’est le comble, nous n’en pouvons plus de cet hotel bordelique et decidons de partir a la recherche d’une autre chambre, malgre les difficultes que cela comporte a Hong Kong, ville ou on trouve peu d’hotels et plutot chers. Heureusement, nous avons la chance de denicher une jolie chambre dans un hotel voisin, lui aussi installe dans un immeuble mais semblant mieux tenu et la reservons donc pour demain. Nous rentrons soulages de pouvoir quitter ce bazar et nous offrons un apero bien merite apres tant d’emotions. Mais surprise, 10 minutes plus tard, on frappe a la porte et nous nous retrouvons face a la proprietaire, un peu stressee, qui nous explique que ce serait gentil de notre part de bien vouloir quitter la chambre pour une petite demi heure. Ils ont apparemment un controle fiscal ou de police et nous ne sommes pas censes etre la, la chambre n’ayant, je suppose, pas ete declaree comme louee. Nous lui expliquons que nous venons de rentrer et que nous ne souhaitons pas ressortir maintenant, elle nous quitte en nous demandant de ne pas montrer nos recus pour le paiement de la chambre. Nous comprenons alors le pourquoi de la chambre vide et du fait de liberer les lieux demain : n’ayant pas declare notre presence a une quelconque autorite et craignant un controle, les proprietaires ont tout range afin que la chambre semble vide et ne souhaitaient pas que nous puissions etre la demain aux heures ou les fonctionnaires pourraient passer. Deux minutes et une gorgee de biere plus tard, re toc toc a la porte : cette charmante dame vient de parler avec son mari et celui-ci trouve que non, vraiment, ce serait mieux que nous sortions pour leur eviter des ennuis. Nous refusons a nouveau mais elle insiste : nous pouvons nous reposer dans le bureau de son mari si nous le souhaitons, il n’y en a pas pour longtemps. Je commence a en avoir ras le bol et m’enerve un bon coup (et en anglais s’il vous plait, quelle maitrise !) : je lui explique que nous avons paye pour cette chambre, que nous voulons donc en profiter et qu’il est hors de question que nous sortions pour aller je ne sais ou, leur controle quel qu’il soit n’etant pas notre probleme. Elle semble un peu desarconnee par mes cris (en Chine, on ne s’enerve jamais) mais finit par battre en retraite en nous demandant de ne surtout pas ouvrir si quelqu’un frappe a la porte. Nous finissons tranquillement notre biere, ecoutant quelques bruits de portes dans l’hotel et refusant de repondre au telephone qui sonne obstinement. Dix minutes plus tard, la brave dame revient, tout sourire, et nous annonce que le controle est fini et que nous pouvons donc sortir a notre guise (!). En remerciement, elle a le grand bonheur de nous offrir... de laver notre linge gratuitement !!! Et bien non, merci, nous ne profiterons pas de sa genereuse offre, puisque nous quitterons les lieux, soulages, le lendemain matin. En guise de vengeance, nous ne prevenons pas de notre depart et nous rejouissons de sa surprise en trouvant la chambre vide le soir. Chacun son tour !

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