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Le fjord, entre deux eclaircies

Jeudi 8 Mars, Te Anau

Quand notre reveil sonne a 7h, il fait toujours aussi gris et c’est sans conviction que nous partons quand meme pour Milford Sound. Nous ne voyons pas grand chose le long des 2h de route qui y mene, la pluie continuant a tomber par intermittence et les montagnes etant perdues dans la brume. Je commence a desesperer de voir quoi que ce soit des paysages censes etre superbes et a raler d’etre venus ici pour rien mais, heureusement, nous apercevons un coin de ciel bleu derriere les nuages qui s’entrouvrent petit a petit. Le mauvais temps semble etre essentiellement lie a un brouillard matinal qui commence a se dissiper. En effet, quand nous arrivons au bord de l’eau, meme si nous ne voyons toujours pas le sommet des montagnes, le ciel est suffisamment degage pour profiter du spectacle. Nous filons a l’embarcadere des croisieres et prenons le risque d’acheter deux billets pour le prochain depart, en esperant que le temps se maintienne au beau.

Un peu plus tard, nous embarquons sur le joli bateau rouge vif de notre croisieriste, heureux d’etre finalement chanceux cote meteo. Notre croisiere nous mene a la decouverte du fjord de Milford, cette longue langue d’ocean egaree au milieu des terres et coincee entre deux rangees de montagnes. Le paysage est vraiment enchanteur, rendu peut etre meme encore plus beau par la brume : sur les eaux bleu nuit du fjord se refletent les hauts pics noirs qui le bordent, aux sommets caches par des echarpes de nuage. Nous croisons quelques phoques se dorant tranquillement au soleil sur des rochers et admirons la vegetation dense qui pousse sur les falaises rocheuses. Le climat ici est, comme nous l’avons deja teste, extremement humide, favorisant la pousse de diverses plantes et mousses. Il explique egalement la presence de cascades immenses, une enorme masse d’eau jaillissant quelques centaines de metres plus haut de la falaise et s’abattant en pluie dans l’ocean. Nous poursuivons notre route jusqu’a la mer de Tasmanie, ou notre bateau, quittant les eaux calmes et protegees du fjord, commence a tanguer serieusement. L’ocean semble plutot mechant par ici, il ne doit pas faire bon l’affronter. Notre retour nous donne a nouveau l’occasion de contempler le calme de ces paysages feeriques, eaux lisses et montagnes acerees. Malgre le froid glacial qui regne, notre pilote offre aux plus courageux une delicieuse douche sous une des plus grandes cascades. Le bateau s’approche jusqu’a toucher le rideau d’eau, eclaboussant copieusement les courageux passagers restes a l’exterieur. Contrairement a Thibaut, je prefere rester au chaud et me contente de gouter les verres d’eau fraiche puises a la cascade et servis aux passagers pour degustation !

Notre derniere visite est pour l’aquarium construit sur le fjord. En fait d’aquarium, c’est plutot nous qui sommes dans notre cage, puisqu’il s’agit d’une sorte d’enorme capsule vitree dans laquelle nous descendons a quelques metres de profondeur pour admirer les poissons qui croisent librement de l’autre cotes des vitres, ignorant leur popularite soudaine. Il pleut tellement dans le fjord que l’eau douce s’accumule a la surface de l’ocean, formant une couche epaisse qui isole les profondeurs de la lumiere et de la chaleur du soleil. Par consequent, les poissons rencontres a quelques metres de la surface sont les memes que ceux que l’on ne voit qu’a de tres hautes profondeurs dans les oceans "normaux" ! Il est vrai que les specimens que nous observons de l’autre cote des vitres ont pour la plupart de droles de tete et que l’eau parait bien verte. Nous contemplons de magnifiques coraux mais n’arriverons pas a resoudre l’enigme du coral noir, appele ainsi et pourtant d’une couleur blanc immacule.

Apres un pique nique rapide pour profiter un peu plus longtemps de la vue sur les montagnes malgre le froid, nous repartons en esperant profiter de la route qui nous etait masquee ce matin. Nous nous arretons en bord de route sur un parking ou se donnent en spectacle les keas, une espece de perroquet des montagnes propre a la Nouvelle Zelande. Ces oiseaux sont extremement curieux et, en presence de l’homme, ont tendance a abandonner leur habitat et leur nourriture habituels pour venir profiter des bienfaits de la civilisation. Ainsi, ils ont vite appris a coloniser les voitures garees sur le parking, picorant de leur bec acere les joints en caoutchouc des pare brise et du toit (est ce pour les manger, croyant par erreur qu’il s’agit de nourriture ou cherchent ils les insectes qui y seraient colles ?). Alors que nous sommes partis nous promener, nous les voyons de loin s’attaquer a notre voiture autour de laquelle se presse une foule de touristes ravis tentant de photographier les jolis oiseaux. Quand nous revenons, les joints sont etrangement coupes et machonnes par endroit, oups, esperons que l’etat des lieux de la voiture ne sera pas trop pointilleux ! Nous continuons notre route en tentant de reperer les curiosites naturelles vantees par notre guide. Helas, les Mirror Lakes ne font pas du tout miroir faute de soleil et l’effet d’optique du a la montee cense nous faire apercevoir des arbres surgissant d’un coup du bas cote ne nous convainct pas. Nous sommes finalement plus impressionnes par les jolies collines ou paissent des centaines de moutons, carte postale ideale de la Nouvelle Zelande que nous nous arretons pour photographier. Alors que nous repartons, nous apercevons trois voitures de touristes arretees egalement pour suivre notre exemple, pensant qu’il devait y avoir quelque chose d’exceptionnel a voir : parfois on se demande qui sont les vrais moutons ?!