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L’ocean sous le ciel gris
Vendredi 30 Mars, Hanga Roa
Nous nous reveillons ce matin sous un ciel devenu soudainement gris apres le bleu eclatant de ces derniers jours. La derniere averse n’est pas loin et la pluie menace de nouveau. Cela ne nous gene pas plus que ca car, apres la longue promenade d’hier, nous comptions nous offrir une journee plus tranquille aujourd’hui. Nous profitons du bon petit dejeuner offert par notre pension, avec chaque jour un gateau maison different et un jus de goyave frais, avant de retourner a la banque pour le ceremonial de retrait d’argent que nous connaissons maintenant. Vu les frais eleves, nous retirons chacun une grosse somme avec nos cartes bancaires respectives, ce qui devrait nous permettre de tenir jusqu’a la fin du sejour. Cette corvee accomplie, nous partons sous le ciel toujours gris mais redevenu sec en direction de l’ahu Akapu, un unique Moai tres ancien et impressionnant par sa taille et ses formes usees qui se dresse tout seul, le dos a l’ocean. Bizarrement, alors qu’il aurait semble logique que les Moais regardent l’ocean, telles des sentinelles de pierre guetttant un eventuel envahisseur, tous sont tournes vers les terres, dos aux flots, peut etre pour contempler leur peuple ?
Arrives par la route qui traverse le village, nous changeons de chemin et rentrons en longeant l’ocean. Le paysage est bien different de celui auquel nous etions habitues : le ciel gris donne un air lugubre et desole a l’ile et les rouleaux toujours aussi forts nous font bien sentir notre isolement. Nous avons du mal a imaginer la vie du peuple Rapa Nui, les premiers habitants de l’ile de Paques, seuls sur cette ile loin de toute autre civilisation, sans meme savoir ce qui se cachait derriere l’ocean infranchissable. De nos jours, l’isolement de ce que nous pensions etre un des endroits les plus inaccessibles du monde est devenu tout relatif grace au transport aerien. Alors que nous pensions que les vols pour l’ile etaient rares et se limitaient a une ou deux liaisons par semaine vers le Chili et autant vers Tahiti, nous avons eu la surprise de constater que chaque journee voyait atterrir un ou deux avions. Le va et vient a notre hotel est permanent, tous les jours de nouveaux touristes arrivent tandis que d’autres charges de valises repartent en drection de l’aeroport. La plupart ne restent d’ailleurs qu’un ou deux jours sur l’ile, ce qui nous parait bien insuffisant pour apprecier son mystere. Toujours est il que le mythe du "bout du monde" en prend un coup, nous esperons que cet afflux de touristes et la facilite a venir maintenant visiter cette ile ne denatureront pas trop son atmosphere a part.
La pluie revenue l’apres midi nous fournit un excellent pretexte pour ne rien faire : c’est un vrai plaisir de prendre le temps de se reposer un peu en ecoutant les gouttes tomber. Et puis apres tout nous respectons le rythme local puisque le village est desert a l’heure de la sieste. Nous ressortons de notre refuge en fin d’apres midi pour une petite promenade dans les rues que nous commencons a bien connaitre. C’est drole de constater a quel point le village est minuscule et comme tout le monde se connait. Nous nous sommes habitues a entendre des bruits de sabots en plus des petarades des (quelques) voitures et a voir arriver au grand galop dans la rue principale de jeunes Rapa Nui montant a cru leurs chevaux. D’ailleurs, ce soir, l’une des montures en question attend sagement son proprietaire, attachee aux barrieres du terrain de foot ou il dispute une partie improvisee. Certains ont gare leur 4x4, d’autres leur cheval, jusque la tout est normal ! Nous contemplons l’animation toute relative du soir assis au bord du mignon petit port du village, devant un Moai remis debout qui monte la garde pour les habitants. Nous n’avons pas une grande distance a parcourir pour aller diner puisque nous nous rendons au restaurant La taverne du pecheur, situe sur le port. Le patron est francais et la cuisine delicieuse mais nous avons presque honte d’etre francais aussi quand nous le voyons rudoyer de malheureux clients anglais qui ont commis l’erreur de poser une question qui fache. Certes, ce n’etait pas tres malin de demander si le poisson etait frais sur une ile situee a plus de 3000 km de toute autre terre habitee et sans doute depourvue de congelateurs... mais quand meme, les pauvres se font tellement engueuler par le cuisinier grognon que nous sommes malheureux pour eux. Heureusement, si le patron est grognon, son poisson est bon (et frais, pas la peine de demander !) et nous nous regalons de ce bon diner.
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