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On joue notre budget voyage au casino

Mardi 14 Novembre, Macao

Macao a beau avoir une situation geographique et un passe similaires a ceux de Hong Kong, elle ne ressemble pas du tout a son riche voisin. Ici pas de gratte ciel tapageurs ni de rues ultra modernes, mais un drole de melange sino-portugais. La ville parait au premier abord plutot delabree, immeubles un peu defraichis et rues vieillotes et ce n’est qu’en fouinant un peu que l’on decouvre certains tresors. Ainsi, la place centrale de la ville a ete preservee et renovee telle qu’elle devait etre il y a quelques siecles. Pavee, entouree de galeries a arcades abritant des commerces, elle a un petit air mediterraneen totalement incongru dans cette region du monde. Le batiment du conseil municipal cache une jolie cour patio aux murs recouverts d’azulejos, ces faiences blanches et bleues typiquement portugaises, agrementee d’une fontaine. Nous nous promenons dans le centre ancien et decouvrons egalement plusieurs jolies eglises, souvent perchees au sommet de collines, car Macao a ceci d’agreable qu’elle ne connait pas les grandes avenues rectilignes des villes plus recentes mais prefere les rues sinueuses adaptees a son relief tourmente. Pour nous, les retrouvailles avec cette architecture europeenne sont assez bizarres apres plusieurs mois passes en Asie. Nous nous amusons aussi des enseignes billingues chinois / portugais, plutot incongrues ici, surtout que tres peu de personnes semblent parler portugais. Mais peu importe, le portugais reste la seconde langue officielle et la plupart des enseignes sont bilingues. Au depart, nous nous inquietions un peu de trouver une sorte de decor de theatre, ou les quelques vestiges du passe portugais auraient ete pieusement conserves mais non. Meme si la ville est bien chinoise, ce passe est integre, digere, et fait partie de son essence. Dans les petites ruelles qui partent de l’ancien port, aussi tortueuses et etroites que celles de Lisbonne, le linge seche au balcon, les gens trainent dans la rue ou sur des terrasses improvisees et on se croirait vraiment loin de l’Asie. Des tavernes typiquement portugaises, servant morue, caldo verde ou autres plats plus metisses comme le crabe au curry, survivent vaillamment et conservent leurs traditions culinaires.

Apres un bon bain dans ce passe et cette atmosphere etrange, nous partons en fin d’apres midi decouvrir l’autre facette de Macao, celle pour laquelle elle est celebre, ses casinos. Apres avoir ete un enfer du jeu plutot tumultueux, rendez vous des mafieux chinois, la ville s’est assagie mais a conserve ses nombreux casinos vantes a grands cris aupres des chinois du continent ou de Hong Kong. Tant qu’a faire, nous choisissons le plus grand et le plus connu des casinos, le Lisboa, immense building ruisselant de neons. Nous nous sommes accordes a chacun un budget (royal) de 25$ HK (2,5€) ou plutot 25 pattacas, la monnaie d’ici au nom tellement peu serieux que j’ai du mal a croire que des gens s’en servent vraiment, surtout qu’elle a le meme cours que le dollar de Hong Kong. Alors que nous avions emporte nos passeports a tout hasard, nous penetrons dans le casino sans plus de formalite et sommes libres de decouvrir ses multiples salles. Nous nous promenons un moment parmi les joueurs concentres assis a des tables ou l’on joue a des jeux de cartes dont nous n’arrivons pas a comprendre les subtilites. Mais le plus drole est quand meme de jouer nous meme et nous cherchons des machines a sous plus adaptees a notre statue de joueurs debutants et a notre budget ridicule. Nous decouvrons au sous sol, exilees, des salles entieres de ces machines mais ce n’est pas si simple. Maintenant, au lieu de braves machines ou on appuie sur un bouton pour faire tourner les 3 cylindres et essayer d’obtenir une combinaison, nous avons le choix entre tout un tas de bidules electroniques proposant des jeux annexes, des combinaisons de mises plus ou moins importantes et autres bonus incomprehensibles. Je choisis une des plus simples au rassurant motif de fraises et fruits pour me lancer, economisant mon maigre budget en jouant la mise minimum. Et, surprise, le hasard fait bien les choses puisque j’arrive a regagner quelques sous de temps en temps, prolongeant ainsi le jeu. Mais soudain, les choses vont beaucoup mieux : ne voila t’il pas que je gagne un super bonus (a base de fraises !!) puis un autre et que les gains deviennent interessants ! Je ne dois pas etre une vraie joueuse puisque je m’empresse de mettre de cote la jolie collection de pieces qui m’a ete restituee. Au final, Thibaut parviendra a recuperer sa mise initiale tandis que j’empoche le jackpot royal de 80$HK (8€)... pas tout a fait de quoi nous payer un mois de voyage supplementaire mais au moins de quoi m’offrir un livre.

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