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Promenade au village

Vendredi 9 Fevrier, Valesdir

Bundy se baigne

Cela fait 5 jours que nous sommes la et nous ne sommes toujours pas alles plus loin que quelques centaines de metres autour de la maison, il faut dire que nous n’en avons pas vraiment ressenti le besoin ! Nous nous decidons enfin a explorer un peu les environs en partant ce matin pour le village voisin de Sara. Rob nous a prevenus plusieurs fois qu’il s’agissait d’un minuscule village, plutot un hameau d’ailleurs, et qu’il n’y avait rien d’extraordinaire a voir. Nous sommes curieux de rencontrer enfin les habitants de cette ile et de savoir ou ils vivent. Pour l’instant, a part les occasionelles personnes passant a la guesthouse et un camion ou deux de temps en temps, nous n’avons pas croise grand monde. Nous traversons la riviere qui borde le terrain de la guesthouse, faisons coucou a la murene qui loge dans le bassin d’eau douce s’accumulant dans un de ses coudes et convainquons Bundy d’abandonner son bain et la chasse au poisson pour nous suivre. Nous prenons la meme piste que la derniere fois, bien decides a atteindre au moins le village. La route serpente agreablement entre les immenses cocotiers, bordee d’un cote par la montagne et de l’autre par l’ocean. Nous ne croisons pas grand monde a part un groupe de tres jeunes filles parties apparemment ramasser du bois qui repondent timidement a nos saluts et pouffent ensuite entre elles a notre vision. Nous avons l’etrange impression d’etre seuls au monde sur une ile deserte quand nous arrivons enfin en vue de Sara. En effet, le village est plutot modeste et se limite a quelques dizaines de maisons groupees dans les arbres, dans des champs partiellement defriches. Vaches, chiens et poules se promenent librement aux alentours et quelques habitants vaquent a leurs occupations. La plus grande animation est constituee par un groupe de jeunes volontaires australiens venus pour une mission temporaire consistant a construire un dispensaire. Nous ne voyons pas bien l’interet de construire un batiment de plus dans le village (ce que les habitants sauraient tres bien faire) si la mission ne se poursuit pas pour former du personnel medical et/ou fournir medicaments et equipement aux ni-vanuatus... Mais bon, en attendant, il regne une joyeuse animation autour du chantier du batiment quasi fini et nous saluons quelques jeune volontaires deja rencontres chez Rob et Alix.

Nous poursuivons un peu notre chemin le long de la cote et croisons un Ni-vanuatu machette a l’epaule arrivant en sens inverse. Celui-ci nous salue dans un francais parfait et s’enquiert de notre destination. Nous lui expliquons que nous nous promenons et repondons a ses questions sur la duree de notre sejour, notre nationalite ou notre age. Nous sommes etonnes par la maniere de discuter des gens ici, toujours tres calmement et posement, ponctuee de grands silences et de "voila", affirmation fourre tout concluant chaque phrase (par exemple : Vous venez d’ou ? / De France / Ah, (silence), de France (silence)... voila). Comme tous les habitants de l’ile, notre interlocuteur semble connaitre la guesthouse de "Mister" Rob, qu’il qualifie de bien mais... c’est cher. Nous continuons ensuite notre promenade un peu plus loin, passant devant l’ecole deserte faute de professeur (c’est donc pour cela que nous avons vu tous ces enfants jouer dans le village) avant de faire demi tour. Meme si le village cache sous les cocotiers est plutot mignon, nous sommes quand meme surpris par les constructions branlantes qui tiennent lieu de maison. Ce n’est pas une question d’argent puisque les laotiens habitaient des villages similaires de huttes de bois mais celles-ci parfaitement finies et soignees malgre les maigres moyens. Ici, alors qu’on ne peut pas dire que le bois de construction manque, les maisons ne semblent pas terminees, faites de bric et de broc, planches, morceaux de tole recuperes, baches plastiques, et pretes a s’ecrouler au moindre coup de vent. Il nous semble que les habitants ne voient pas l’interet de se fatiguer a construire des logements plus elabores, se contentant de ceux-ci, mais peut etre y-a-t’il une autre raison.

Nous rentrons juste a temps pour le dejeuner et cela tombe bien puisque la surprise du jour nous attend, sous la forme d’une langouste fraichement pechee et cuisinee. Celle-ci nous est servie sur une assiette joliment decoree de fleurs exotiques et nous n’en croyons pas nos yeux, n’etant pas vraiment familiers de ce genre de plat. Le plus drole est l’histoire de la langouste racontee par Alix : hier soir, vers 22h, alors qu’elle et Rob etaient couches, ils leur a semble entendre taper a la porte. Elle est descendue precipitemment et a trouve la deux pecheurs venus lui proposer poisson et langouste tout frais recoltes. Ceux-ci savaient qu’elle avait des pensionnaires et se sont dit qu’elle serait surement interessee par leurs produits. Alix a accepte, pas plus surprise que ca d’etre reveillee pour une livraison de poisson. Malgre leurs manieres peu orthodoxes, nous remercions mentalement les pecheurs qui nous donnent une occasion de plus de nous regaler.

Le soir, Thibaut tente pour la premiere fois la distraction locale : le kava. Il s’agit d’une boisson realisee a partir d’une racine, le kava, et partagee rituellement par les hommes le soir au coucher du soleil pour se reunir et converser. Bref, c’est l’equivalent de notre apero francais, le kava etant en plus repute pour avoir de legers effets stupefiants. La boisson est realisee en diluant la poudre obtenue en rapant la racine dans un peu d’eau (pour une meilleure efficacite, on peut aussi macher la racine pendant quelques temps avant de la recracher imbibee de salive, ce qui permet de mieux la dissoudre, mais heureusement ce n’est pas cette methode qui est choisie ce soir). La description que nous a fait Rob de cette boisson m’a coupe toute envie d’y gouter. D’apres lui, le gout est horrible, il faut boire son verre d’une traite en fermant les yeux, avec l’impression d’avaler une mixture boueuse. Les preparatifs consistent d’ailleurs a emporter, en plus de l’eau et du kava, quelques chips et bonbons a la menthe destines a faire disparaitre le gout ! John, le ni-vanuatu du village voisin fournisseur du kava, Thibaut et Rob disparaissent bientot dans le nakamal construit par Rob, cet espace traditionnel couvert, resemblant a un petit kiosque (chez Rob) ou une grande halle (dans les villages importants) et dedie aux reunions et a la degustation du kava (ou aux deux en meme temps...). Le kava - aperitif se prolonge, tandis qu’Alix et moi attendons resignees sur la terrasse pour pouvoir enfin diner. Thibaut en revient satisfait : la boisson n’a pas eu d’effets secondaires a part une soudaine facilite a comprendre la conversation a la fois en anglais et en bislama, et le gout du kava n’est finalement pas si mauvais. Mouaif, je prefere me contenter du bon diner prepare par Alix !

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