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En prison !

Lundi 9 Avril, Valparaiso

Malgre notre cuisine bien equipee, nous profitons avec plaisir du petit dejeuner gratuit servi a la pension d’a cote. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs autour de la grande table installee dans le jardin et de papoter un peu. Les uns viennent du Canada et sont partis 4 mois en Amerique du Sud pour echapper aux rigueurs de l’hiver quebecois, en ce moment il fait "seulement" -8 degres, le printemps est bientot la ! Les autres sont des Francais partis travailler en Guyane et qui se sont sauves avant la fin de leur contrat de travail, ayant du mal a supporter l’endroit ; au volant d’une Twingo d’occasion achetee quelques euros, ils parcourent le continent, du Bresil a Ushuaia. Nous echangeons divers conseils et impressions, ce qui fait que le petit dejeuner finit plus tard que prevu. Ce n’est pas grave, le temps est couvert ce matin et Gilles nous explique que c’est parce que nous nous sommes leves trop tot. Il est pourtant pres de 11h, mais les vrais habitants de Valparaiso le savent, ici mieux vaut s’offrir une tres longue grasse matinee et n’emerger de son lit que vers midi, voire 14h, a l’heure ou le soleil se leve lui aussi, dissipant les brumes du matin. Il faut dire que nous nous trouvons dans un pays ou on dejeune a 15h et ou le repas du soir ne se prend pas avant 21h, et encore ca c’est pour les couche tot.

Nous profitons de la presence de Gilles pour nous faire expliquer un nouvel itineraire de balade a realiser aujourd’hui. Il connait toute la ville par coeur et nous decrit en detail plusieurs visites possibles, de quoi nous occuper pour les deux jours a venir. En attendant, il nous faut passer aux choses serieuses. Comme a chaque fois que nous retrouvons une ville, nous avons quelques corvees a gerer avant la visite, a savoir vendre les livres lus a l’ile de Paques et trouver une laverie pour notre linge sale. Helas, notre quete ne s’avere pas tres fructueuse. Nous avions deja remarque a Santiago que les magasins chiliens etaient plutot vieillots et mal achalandes, rappelant plus le bazar-epicerie d’un petit village francais dans les annees 50 que nos centres commerciaux modernes. Et encore, nous etions dans la capitale ! Ici, l’unique librairie qui etait censee vendre des livres en langues etrangeres a effectivement un stock qu’elle a du racheter a un grossiste en faillite il y a au moins 30 ans. Les quelques livres poussiereux caches au fond d’une etagere offrent un echantillon interessant de Harlequin, manuels pratiques completement obsoletes ou thrillers aux couvertures edifiantes (bien que ternies par le temps). On se croirait a un vide grenier ou chez un antiquaire, bref ce n’est pas la que je trouverai quoi que ce soit a lire. Tant pis pour la lecture ou la laverie (la seule que nous trouvons a des prix exorbitants), nous aurons au moins mene a bien une mission ce matin : graver quelques CD de photos avec le stock de celles prises a l’ile de Paques.

Avec tout ca, nous dejeunons au rythme chilien et ne sommes pas en avance pour notre promenade de l’apres midi, heureusement plus courte qu’hier. Elle s’avere plutot originale puisqu’elle nous conduit sur la colline voisine, le Cerro Carcel (colline de la prison) a la decouverte des deux grands cimetieres de la ville et, comme son nom l’indique, de la prison ! Les cimetieres sont bien organises, a la mode chilienne : l’un est la derniere demeure des catholiques et l’autre est reserve aux defunts des autres religions, toutes tendances confondues. Pas de jaloux, les deux beneficient pourtant d’une tres belle vue sur la ville, raison d’ailleurs de notre visite. Les angelots de platre contemplent nostalgiquement les pentes des collines voisines et l’ocean ou croisent des bateaux venus du monde entier. Quant a la prison qui a donne son nom a la colline, elle est maintenant desaffectee et abrite un centre culturel. De ce dernier, nous ne voyons pas grand chose, a part quelques ateliers de danse installes dans l’arriere cour mais c’est surtout l’occasion de visiter une vraie prison, laissee en l’etat une fois sa fonction premiere abandonnee. L’immense cour centrale bordee de toute part par les batiments et les murs a encore un air sinistre tandis que l’interieur des cellules vu par leur petite fenetre n’est pas vraiment accueillant. Seule consolation, les detenus jouissaient eux aussi d’une belle vue, la prison dominant la colline. Nous redescendons tranquillement dans la jolie lumiere du crepuscule et retrouvons notre routine du soir, a savoir les courses au supermarche voisin. Nous faisons un stock d’avocats, un vrai regal ici, que des paysans des environs viennent vendre en ville par charrette entiere. Ce soir, ce sera guacamole et salade, il ne manque plus qu’un bon DVD pour se croire de retour a la maison.

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