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Un peu de sel avec vos flamants ?
Lundi 14 Mai, Putre
Nous dormons dans un drole d’hotel ou les chambres sont construites dans une sorte de hangar couvert servant de parking. Ce n’est pas terrible pour le froid, encore moins pour l’ambiance puisque nous n’avons qu’une petite fenetre avec vue sur les voitures garees la, ce qui finit par me rendre legerement claustrophobe. Avec les effets de l’altitude en plus, je dors assez mal, reveillee de temps en temps par un sentiment d’etouffement et par quelques maux de ventre. Heureusement, ce n’est rien de grave et nous nous levons malgre tout en forme le lendemain et prets pour notre excursion de la journee au Salar de Surire a 4300 metres d’altitude, esperons que notre nuit difficile aura au moins servi a nous acclimater. Nous roulons a travers l’altiplano et ne nous lassons pas d’admirer ces paysages, parmi les plus beaux que nous ayons vus jusqu’ici. D’immenses plaines desertes s’etendent de part et d’autre de la route tout aussi deserte, au loin d’impressionnants volcans aux cones enneiges montent la garde. Thibaut croit avoir la berlue en observant un petit nuage s’accrochant obstinement au sommet du plus haut des volcans, mais non, notre guide nous confirme que ce dernier est encore actif et que c’est bien son panache de fumee que nous voyons. Un peu plus loin, c’est une paire de volcans jumeaux qui barrent l’horizon : appeles les Payachatas, ils ont une forme conique parfaite aux jolies pentes blanches. La neige est si immaculee et parfaitement lisse que l’un d’eux me fait irresistiblement penser a un gateau recouvert de sucre glace. Nous sommes dans la reserve Las Vicunas (Les Vigognes) et croisons de nombreux troupeaux de ces charmantes bebetes, cousines sauvages du lama en beaucoup plus agile, rapide et gracieux. Poursuivies et chassees pour leur laine a la finesse incomparable, elles etaient en voie d’extinction et sont maintenant protegees, ce qui leur a permis de se multiplier tranquillement dans des parcs comme celui-ci. Les photos vont bon train, il faut dire que le paysage s’y prete et que les vigognes posant sur fond de volcans enneiges sont le cliche ideal.
Nous marquons une petite pause au village de Guallatire, encore un de ces hameaux perdus au milieu de l’altiplano, ou une fois de plus je me demande quel courage ou quelle inconscience il faut pour decider de vivre ici. Quelques maisons au gros murs de pierre se serrent frileusement dans les rues etroites, quelques habitants vont et viennent et nous admirons la tres jolie eglise au toit d’herbe sechee. La particularite de ces eglises chiliennes est d’etre protegees par une enceinte de murs de pierre ou l’on penetre sous des arches voutees, decouvrant l’eglise proprement dite et une sorte de petite tour attenante. Le tout a beaucoup de charme et nous ne nous en lassons pas. Il est deja temps de reprendre notre longue route (ou plutot notre longue piste) en direction du Salar. Notre premiere vision est une sorte de flaque blanche a l’horizon, un mirage ? non, un autre de ces etranges deserts de sel. Le paysage est si beau que nous sautons de la voiture pour prendre des photos tandis que notre guide, amuse, nous dit d’attendre un peu car nous n’avons parait il encore rien vu et la vue sera plus belle encore un peu plus pres. Il n’avait pas tort puisque nous allons faire le tour complet du Salar par la piste le longeant, avec de magnifiques perspectives sur l’eau cristalline bordee de sel bien blanc, toujours sur fond de volcans. Le tout forme un parfait miroir dont aucun vent ne vient troubler la surface et ou se refletent les dizaines de flamants roses habitant ce lieu desole. C’est encore une fois une vision extraordinaire que ces flamants gracieux dont le reflet prolonge la silhouette en creant une illusion surprenante.
Nous sommes une fois de plus extremement gates puisque nous avons la chance de nous arreter au milieu de ce paysage extraordinaire pour un second bain dans des sources thermales, cette fois ci en plein air. Juste a cote du salar, des piscines naturelles d’eau chaude se sont formees et nous profitons de notre petit bain prive ou presque, puisque nous sommes les seuls touristes avec deux americains dans un autre 4x4. Le plus difficile est de ne pas deraper dans la boue gluante et brulante qui recouvre le fond de la piscine mais une fois installes la sensation est parfaite et la vue imprenable. Pendant ce temps, Carlos nous a prepare un delicieux pique nique et nous nous regalons, n’en revenant pas de la chance que nous avons de nous trouver la. Decidement, nous sommes enchantes de ce tour organise et bien contents d’avoir choisi cette agence. Nous discutons un peu avec nos voisins americains qui font en moins de trois semaines un tour de la moitie de l’Amerique du Sud, un peu de Perou (pour le sempiternel Macchu Picchu), une pincee de Chili et un soupcon d’Argentine. Ils sont stupefies par notre voyage d’un an et surtout l’existence d’un droit tel que le conge sabbatique en France et nous expliquent qu’aux Etats Unis il est deja tres difficile de prendre plus d’une semaine de vacances (!) et qu’ils ont de la chance d’etre dans une bonne entreprise qui les a autorises a partir une quinzaine de jours. Voila au moins un pays ou nous n’aurons pas envie d’aller nous installer, nous sommes maintenant prevenus. Apres avoir bien profite de notre pause a rallonge, pas presses de repartir, nous reprenons la longue route en sens inverse en jetant un dernier regard a ce paysage magique qui nous a tant seduits.
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