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Le train de la jungle

Jeudi 7 septembre, Kota Bharu

Au moins 8 trains par jour a Kuala Lipis... quelle activite !

Aujourd’hui nous attend un voyage pas comme les autres : deja, nous avons reussi a trouver un train qui ne circule pas en pleine nuit et en plus nous allons grace a lui traverser la jungle du centre vers le nord est du pays, a travers des regions peu developpées où la foret primaire reste encore preservee. Le train part a 14h30 et nous sommes censes arriver un peu apres 22h, soit presque 8 heures pour parcourir environ 300 km. Cela nous donne une petite idee du type de voyage qui nous attend, mais nous serons finalement encore assez loin de la realite !

Miracle, ce matin le guichet de la gare est ouvert et nous parvenons a obtenir nos billets pour la somme exorbitante de 3€ chacun, en 3e classe car il n’en existe pas d’autre. Ayant rendu notre chambre d’hotel et n’ayant pas grand chose de plus a faire dans cette ville, certes sympathique mais dont on a vite fait le tour, nous allons nous installer sur un banc du quai de la gare une heure avant le depart du train. Nous passons le temps en contemplant les nombreux voyageurs qui attendent deja, familles en vadrouille, hommes seuls, adolescentes voilees en jeans baskets papotant avec leurs copines, vieilles femmes chargees de sacs de legumes ou de cagettes de fruits, nous sommes les seuls occidentaux. Meme assis a l’ombre, nous trouvons le temps long car il fait tres chaud et nous le trouvons d’autant plus long que le train n’arrive toujours pas alors que l’heure de depart est tres largement depassee. Pourtant personne ne s’impatiente et les differents employes de la gare se promenent d’un bout a l’autre du quai, semblant guetter le train manquant !

Bizarre, ce steward me dit quelque chose

A 15h30, le train finit par arriver et nous montons a bord... avant de reculer pour aller nous garer afin de laisser passer le train qui vient dans l’autre sens, aussi en retard que nous. Quelque chose me dit qu’il vaut mieux ne pas etre trop presses pour ce voyage !

Nous sommes installes dans un wagon bien rempli (le train n’en possede que deux), sur des sieges en cuir bien chauds malgre les fenetres toutes ouvertes. Nous partons enfin, tandis que l’animation continue dans le wagon, les hommes se levant pour fumer ou papoter au bout du wagon devant les portes restees grandes ouvertes et un vendeur ambulant nous proposant ses sachets de fruits ou de cacahuetes en cas de fringale subite. Le paysage est extraordinaire : la voie est tracee au milieu de la jungle et nous passons a travers des arbres immenses, les eaux boueuses de la riviere toute proche apparaissant parfois dans une trouee de vegetation. Nous faisons halte toutes les 5 ou 10 minutes dans de minuscules villages en pleine jungle, petits groupes de quelques maisons serrees autour de leur halte-gare. Les ecoliers qui etaient montes a Kuala Lipis descendent au gre des arrets et partent a pied rejoindre leur maison.

Des vaches dans une des rares prairies

Des vaches a l’allure de bufles avec une bosse sur le dos paissent dans les rares espaces de vegetation degagee. Nous avons vraiment l’impression d’etre dans un autre monde, loin de la Malaisie moderne des grandes villes. La voie ferree semble difficilement entretenue dans cette foret hostile et le voyage en train ressemble plus a une seance de grand huit qu’a un TGV francais : de temps en temps, des series de cahots nous font litteralement rebondir sur nos sieges, au grand desespoir de nos fesses et dos, tandis que nous mourons de chaud malgre les fenetres ouvertes. Au bout d’une heure, nous n’en pouvons plus, meme si nous sommes toujours aussi emerveilles par les paysages, et nous realisons que nous n’avons fait qu’une toute petite partie du voyage ! Nous prenons notre mal en patience et comptons les arrets pour nous distraire : 30 arrets sont prevus avant notre point d’arrivee. Heureusement, la voie s’ameliore un peu, tandis que le paysage change lui aussi : la jungle se fait moins dense, nous arrivons dans une campagne avec des champs entrecoupes de forets et d’etranges pics arrondis parsemes de ci de la. Nous continuons notre route un peu plus rapidement, tandis qu’a chaque gare le train se vide et se remplit inlassablement (les veinards, ils ne font qu’une partie du trajet, eux ! ).

Une gare au milieu de nulle part

Au crepuscule, voyant qu’apparemment rien n’est prevu pour allumer une quelconque lumiere dans notre wagon qui s’assombrit, nous migrons vers le wagon de tete, qui est lui eclaire. Nous avons la surprise de decouvrir un wagon beaucoup plus moderne (mais pas plus confortable) avec fenetres qui ferment et eclairage, dans lequel se sont refugies les quelques autres touristes qui faisaient aussi le voyage (eh non, nous n’etions pas tout seuls finalement). L’ambiance y est du coup beaucoup moins rigolote que dans notre wagon 100% malais mais nous y finissons tranquillement le voyage, le train ayant rejoint les plaines et roulant maintenant un peu plus vite. Nous avons rattrape une partie de notre retard et arriverons vers 23h a notre hotel, fourbus et revant d’une douche, mais bien contents de cette journee pas comme les autres.

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