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On a marché sur le sel
Vendredi 29 Juin, Salar de Uyuni
Nous courons pour régler les derniers détails pratiques avant notre départ pour deux jours d’excursion dans le salar : un petit tour sur internet pour répondre à quelques mails, les derniers achats utiles et hop, il est déjà 10h30, l’heure de notre rendez vous à l’agence. Bon, ça c’était sans compter sur l’organisation à la bolivienne... depuis le temps nous devrions être habitués pourtant ! Nous devions faire partie d’un groupe de six mais les autres touristes attendant devant l’agence partent tous les uns après les autres dans les voitures qui arrivent et nous sommes toujours là tandis que la responsable de l’agence semble préoccupée. Nous comprenons pourquoi elle tenait tant hier à nous inscrire dans le tour classique de 4 jours que font tous les touristes : nous ne sommes que deux à avoir choisi cette formule un peu particulière avec la nuit à proximité du volcan, et cela ne l’arrange pas du tout. A 11h, la situation semble finalement se débloquer : un chauffeur et un joli 4x4 rouge arrivent et nous apprenons que nous aurons la voiture rien que pour nous, officiellement les autres participants du tour sont malades et se sont désisté, mouais. Nous perdons encore un peu de temps pour faire le plein, charger le matériel nécessaire et les provisions destinées à nous nourrir pendant ces deux jours et enfin partons pour notre première étape, le cimetière de trains. C’est finalement plutôt une chance d’être ainsi en retard car tous les autres touristes repartent en voiture quand nous arrivons, nous laissant le site rien que pour nous.
Etrange spectacle que ces carcasses de locomotives rouillées oubliées en plein désert au milieu de nulle part... Uyuni avait déjà des petits airs de ville fantôme mais ce cimetière de trains est encore plus mélancolique, avec ses énormes machines aux roues ensablées et ces rails semblant filer vers l’infini dans la monotonie du désert. Apparemment viennent mourir ici les machines dont nul ne veut plus suite à l’abandon de la ligne qui passait autrefois par Uyuni. Plus ou moins rouillées, des pièces ou des morceaux de tôle manquants, elles servent maintenant de terrain de jeu aux touristes qui se photographient en conducteurs d’un jour. Certains visiteurs ne manquent pas d’humour puisque sur une des carcasses on peut lire cette inscription "se necesita un mecanico con experiencia" (cherche mécano expérimenté). Après cette étape surprenante, nous partons pour le salar, enfin nous allons découvrir cette immense étendue de sel dont nous avons tant rêvé et entendu parler. Nous passons d’une piste de terre à une piste... de sel, eh oui, celui-ci est suffisamment dur pour permettre le passage des 4x4. Nous découvrons tout d’abord la zone où le sel est exploité par des ouvriers le collectant en jolies pyramides régulières. Cela nous rappelle les Salinas Grandes vues en Argentine, les conditions de travail sont toujours aussi dures dans ces étendues désolées en plein soleil et dans le froid.
Le spectacle des "ojos del salar", ces "yeux" de sel où de l’eau bouillonnante perce la croûte salée du sol, formant d’étranges cuvettes aux couleurs jaunâtres, nous surprend beaucoup plus. Décidément dans ces régions de l’altiplano, les curiosités géologiques n’ont pas fini de nous étonner. Un petit arrêt touristique est de rigueur dans le dernier village au bord du Salar où un petit "musée", qui n’a de musée que le nom, expose divers objets en sel et en profite pour extorquer quelques bolivianos aux touristes. Ouf, nous quittons enfin les dizaines de véhicules qui se suivent et partons à travers l’immensité infinie du salar. Nous nous demandons comment notre chauffeur peut trouver son chemin à travers un tel paysage. De vagues pistes tracées par les véhicules précédents se croisent et se recroisent et autour de nous tout est blanc, blanc jusqu’au bleu infini du ciel au loin. Nous roulons quelques temps et nous arrêtons au milieu de nulle part, au bord d’un petit hôtel de sel, maintenant inutilisé. Nous descendons de voiture et avons du mal à réaliser que nous sommes au milieu d’un salar. Tout nous pousse à croire que c’est de la neige qui nous entoure mais non, les murs, comme d’ailleurs le mobilier de l’hôtel, tables, chaises ou banquettes, tout est réalisé en sel. Nous ne nous lassons pas de contempler ce paysage magnifique et si étonnant. Notre guide prépare sur un petit réchaud un délicieux repas avec, miam, un steak de lama grillé. Nous nous régalons assis au soleil avec le désert rien que pour nous, nous sommes vraiment content d’avoir choisi cette excursion après tant d’hésitations.
Notre chauffeur semblait un peu inquiet à l’idée d’être seul et nous a trouvé des compagnons d’excursion, nous ferons maintenant la route à deux avec une autre voiture. Nous continuons notre traversée du désert, toujours aussi séduits par ces immensités blanches et les parfaits hexagones de sel sur lesquels nous nous déplaçons. Il est déjà la fin d’après midi quand nous arrivons dans un tout petit village au pied du volcan Tunupa. Cela fait tout drôle de retrouver la "terre ferme" et le paysage n’en est que plus magnifique avec le contraste entre la terre marron et le sel d’une blancheur éclatante, parsemé de quelques flamants roses trempant leur pattes dans une petite lagune. Nous revenons vite à des réalités plus bassement matérielles, en découvrant que l’hôtel où nous devions dormir est apparemment fermé sans que personne ne sache où se trouvent les propriétaires. Vu le climat qui règne ici, ce n’est pas trop l’endroit où dormir à la belle étoile ! Heureusement les deux chauffeurs finissent par trouver quelqu’un pour nous ouvrir. Nous commençons à peine à nous installer quand il faut une fois de plus déménager : pas moyen de faire fonctionner le groupe électrogène, ce qui rend apparemment problématique la cuisson du repas du soir. Nous y gagnons au change puisque nous échangeons un hôtel à moitié désaffecté aux chambres poussiéreuses pour un hôtel de sel, lui aussi rudimentaire mais beaucoup plus charmant. Nous déballons vite les sacs pour enfiler toutes les couches de vêtements et polaires en notre possession : il fait déjà froid depuis que le soleil s’est couché et la nuit promet d’être glaciale. Un bon repas nous permet de nous réchauffer un peu, tout en papotant avec les touristes de l’autre groupe (avec qui nous n’avons normalement pas le droit de manger, chaque chauffeur guide étant responsable de l’alimentation de "ses" touristes !). Nous sommes gelés mais la soirée est malgré tout bien agréable entre les discussions et les chansons accompagnées au charango de nos deux guides.
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