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La marine bolivienne n’a rien à envier à celle des Shadoks

Jeudi 14 Juin, La Paz

Nous attaquons une fois de plus la journée par une petite balade dans les rues si vivantes de La Paz, une ville qui nous plait décidément beaucoup. Nous n’avons pas vraiment de but ou plutôt nous nous trouvons des prétextes à la flânerie, chaque rue étant l’occasion de faire de nouvelles découvertes. Ce matin, c’est vers l’église San Francisco que nous nous dirigeons. Posée au milieu de la place centrale de la vieille ville, dans le creux entre les deux collines où s’étendent les quartiers les plus pittoresques, elle résiste stoïquement à l’assaut des vagues de circulation automobile et piétonne qui arpentent l’artère principale. La place est un joyeux fouillis de marchands, de flâneurs, de petits métiers ou de bonimenteurs et la belle façade ouvragée nous donne envie de visiter l’intérieur, malheureusement fermé pour des raisons obscures. Est ce l’horaire ou la date qui ne sont pas les bons, nous n’en saurons rien puisqu’aucun panneau ne se charge de nous renseigner ! Nous nous rabattons sur le marché tout proche, occupé par de multiples restaurants ou plutôt gargottes, petits stands avec deux tables et quatre chaises où des préparations mystérieuses bouillonnent dans de grandes marmites. Tout ça a l’air plutôt appétissant mais nous n’osons pas nous risquer à goûter, non seulement pour des raisons d’hygiène, mais aussi parce que, comme souvent à cette altitude, notre appétit s’est enfui et quelques salades ou soupes légères suffisent à nous nourrir.

Nous profitons des multiples locutorios de La Paz pour nous offrir une pause téléphone avec nos parents respectifs. Cela fait tout drôle de les entendre à nouveau après plusieurs mois à communiquer par mail et nous sommes bien contents d’échanger les dernières nouvelles. Les échoppes Internet et téléphone pullulent ici, c’est apparemment la grande passion des jeunes boliviens qui se pressent dans les cybercafés. Nous filons ensuite découvrir enfin les quatre musées de la vieille ville dont nous avons remis la visite de jour en jour préférant profiter du beau temps pour nous promener. Installés dans de vieilles maisons coloniales, parmi les rares encore debout de La Paz, ces musées proposent pour un billet d’entrée unique (et un prix dérisoire) de découvrir tout un pan de l’histoire du pays à travers des thèmes bien précis dont l’intitulé nous amuse beaucoup. Ainsi, nous aurons droit au menu unique constitué par le musée des Costumes, celui du Littoral, celui des Métaux précieux et enfin la maison de Murillo, une célébrité locale. Dans la partie consacrée aux costumes, nous admirons des scènes de la vie quotidienne en maquette avec leurs personnages de terre, hésitant entre le kitsch et le témoignage fidèle de ce que pouvait être la vie à La Paz au XIXe siècle. Les plus belles pièces sont ces incroyables masques, portés lors du carnaval et des autres fêtes traditionnelles, magnifiquement sculptés et peints, représentant des personnages mythiques ou des animaux légendaires, comme ce drôle de lynx dont la frimousse me fait craquer.

Un peu plus loin, le musée du Littoral entretient avec ferveur le souvenir de la Guerre du Pacifique, ce terrible conflit où l’ennemi héréditaire chilien souffla à la Bolivie endormie toute une bande de terre à la frontière des deux pays et surtout son unique accès à la mer. Cette région désertique, que nous avons visité lors de notre passage dans ce qui est maintenant le Chili à Iquique ou à Arica, n’intéressait pas grand monde jusqu’à ce qu’on y découvre d’important gisements de salpêtre qui déclenchèrent les convoitises au XIXe siècle. La Bolivie déclencha la colère des investisseurs chiliens qui exploitaient les mines situées sur son territoire en augmentant leurs impôts puis en tentant de récupérer les mines à son compte. Le Chili lança alors l’offensive en 1879 et, au terme de plusieurs années de guerre, finit par gagner une immense portion de territoire et les richesses qui s’y trouvaient. Les Boliviens et leur marine privée de plan d’eau n’ont apparemment toujours pas digéré cet épisode noir de leur histoire et ce modeste musée expose ses quelques reliques, uniformes de soldats, armes, traités et plans, en dénonçant le caractère injuste de cette spoliation. Il faut dire qu’après avoir subi l’invasion espagnole et le pillage des richesses incas pendant des siècles, le pays n’avait pas besoin de ce nouveau fléau. Heureusement il reste encore quelques richesses incas à admirer dans le musée des Métaux précieux, mieux gardé qu’un coffre fort et qui porte bien son nom puisque de magnifiques pièces en or massif y sont conservées. Les nombreux bijoux incas devaient être lourds à porter, le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne font pas dans le discret ! Nous ressortons de là contents d’avoir pu découvrir un peu plus de l’histoire et de la culture bolivienne, dont nous entendons si peu parler d’habitude au point d’en ignorer les épisodes les plus marquants.