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La descente infernale

Dimanche 1er Juillet, Tupiza

Pas question de rater le bus ce matin, c’est le seul de la journée et nous n’avons pas vraiment envie de rester une nuit de plus ici. Pour une fois que nous logeons dans un hôtel chic, nous devrons donc nous priver du petit déjeuner, celui-ci étant servi trop tard pour nous. Nous grapillons vite une tasse de thé et une petite tranche de pain sur le buffet en train d’être constitué, sous le regard un peu interloqué des serveurs et serveuses. Comme nous le craignions au vu des guichets tout sauf luxueux des compagnies assurant cette liaison, notre bus vers Tupiza a connu des jours meilleurs. Poussiéreux, déglingué, il nous offre néanmoins deux places assises pour le long trajet qui nous attend.

Nous comprenons mieux l’état du bus une fois la route commencée, car en fait de route, c’est une piste cahotante que nous empruntons. Les fenêtres ferment mal et s’ouvrent au gré des cahots, faisant entrer l’air glacé de l’altiplano dans le véhicule. Une fois de plus, nous enfilons polaires et vestes, heureux de ne pas les avoir rangés dans la soute. Le paysage est toujours aussi hostile et aride, immenses étendues poussiéreuses aux roches marrons. Nous sommes choqués par le spectacle qui nous attend juste à la sortie de la ville : à perte de vue, le désert est jonché d’emballages plastiques, bouteilles vides, sacs usagés... Dans ces conditions sèches et froides, ce type de déchet doit encore moins se dégrader qu’ailleurs et le développement de la ville semble se faire au mépris de la nature qui l’entoure. Vu les conditions difficiles qui règnent ici, l’écologie doit être un luxe que les Boliviens ne peuvent pas se payer.

Dans le froid et la poussière, nous traversons le plateau isolé avant de redescendre un peu vers les vallées alentour. Soudain la piste est interrompue par des travaux mais cela ne semble pas préoccuper notre chauffeur : aussitôt, il oblique pour emprunter tout simplement le lit à sec de la rivière voisine. Nous faisons quelques dizaines de kilomètres dans ce lit encore plus raviné que la piste précédente, sautant sur nos sièges au gré des cahots avant de remonter péniblement vers la ville située au dessus de la berge où nous retrouvons notre piste. Même si cette petite ville minière perdue au milieu de nulle part n’est pas spécialement accueillante, nous sommes contents de descendre nous dégourdir les jambes et respirer autre chose que de la poussière. Les quelques échoppes du marché ne nous inspirent pas confiance et nous préférons nous contenter de gâteaux en guise de déjeuner.

En fin d’après-midi, après ce long trajet, nous arrivons enfin à destination à Tupiza après avoir traversé un très beau paysage de roches rouges et de canyons à l’entrée de la ville. Nous sommes soulagés de retrouver des températures plus clémentes et de respirer enfin sans difficulté après tout ce temps passé en altitude. Il nous faut encore chercher un hôtel pour la nuit et nous nous rabattons sur le monopole local : l’hôtel Mitru à côté du restaurant Mitru et de l’agence de voyage Mitru... décidément la famille Mitru doit être prospère ! Nous nous offrons une jolie chambre propre et moderne, je crois que nous avons bien besoin d’un peu de confort après quelques nuits difficiles. La petite ville de Tupiza est plutôt mignonne avec sa nonchalante place centrale bordée de restaurants et de commerces. Pour changer, ce soir ce sera une pizza, avant d’aller nous coucher pour, enfin, on l’espère, passer une bonne nuit.

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