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Pentecôte à la péruvienne
Lundi 28 Mai, Ollantaytambo
Ce n’est pas très en forme que nous nous réveillons ce matin. Thibaut a été malade toute la nuit et a passé plus de temps aux toilettes que dans notre lit, me réveillant au passage. Et il semble que ce soit contagieux puisque j’ai à mon tour mal au ventre. Trainant en plus depuis quelques jours une irritation à l’oeil qui m’empêche de porter mes lentilles et me condamne aux lunettes, beaucoup moins pratiques, je commence à en avoir assez. Je décide d’ignorer mes maux de ventre pour m’offrir un copieux petit déjeuner quand même, ras le bol d’avoir toujours mal quelque part. Nous faisons un dernier petit tour sur le marché à la recherche du souvenir extraordinaire que nous aurions raté hier, avant de nous rendre au croisement qui sert de gare routière. Nous avons moins de chance aujourd’hui, pas un touriste en vue pour partager les frais d’un taxi avec nous et à deux cela revient trop cher. Nous patientons donc, espérant voir surgir d’autres passagers. Nous sommes distraits par un jeune voyageur sans doute anglais qui souffre du mal de l’altitude et vient nous demander d’un air inquiet et en chuchotant si nous savons où il pourrait trouver du "mate de coca" (thé de coca), remède qu’on lui a recommandé. Amusés, nous lui expliquons que cette boisson est courante ici et se trouve dans n’importe quel bar. Pas de paranoia à avoir, les feuilles de coca servent certes aussi à fabriquer la cocaïne mais leur usage en tisane fait partie du quotidien au Pérou.
Lassés de notre vaine attente, nous finissons par sauter dans un bus public, au grand désespoir du chauffeur de taxi qui attendait que nous craquions pour nous emmener. Le trajet est beaucoup moins confortable mais moins douloureux pour notre portefeuille. Après un changement pour un autre collectivo (taxi collectif) tout aussi rempli qui nous rappelle des souvenirs d’Asie, nous arrivons enfin à Ollantaytambo. Je suis soulagée d’être enfin à destination car mon ventre recommence à faire des siennes, des crampes terribles me coupant le souffle par moment. Bien sûr, il faut que nous galérions pour trouver un hôtel, n’étant pas d’accord sur le choix. Après avoir fait deux fois le tour du village de bas en haut, car en plus ça grimpe, et avoir subi plusieurs refus d’hôtels déjà complets, nous finissons par trouver une très jolie chambre qui en plus, miracle, nous plaît à tous les deux. Ouf, tout est bien qui finit bien et j’ai hâte de me reposer un peu.
Nous avons sauté le repas du midi et repartons en direction de la place centrale du village pour nous y restaurer un peu. Ce que nous avions pris tout à l’heure pour des danses folkloriques organisées pour les touristes s’avère en fait une vraie fête populaire avec musiciens et danseurs costumés. Nous nous installons à un super poste d’observation à la terrasse d’un bar de la place où nous grignotons un peu, mon ventre me faisant toujours souffrir. Heureusement, la fête est là pour me distraire de mes (petits) malheurs et j’en profite pour immortaliser ces scènes de rue le plus discrètement possible. Nous ne comprenons pas tout à la signification des danses et costumes mais le spectacle n’en reste pas moins impressionnant. Habillés de couleurs vives, masqués, munis pour certains d’un fouet ou d’un sifflet, les danseurs se livrent à des parodies de combat, claquant leur fouet au sol et faisant mine de se battre.
A côté, des filles aux longues nattes brunes et des garçonnets se pressent devant le stand de la marchande de glace tandis que les adultes font la queue devant les brochettes cuites sur un barbecue ambulant. Tout le village semble participer, les papis ont sorti des chaises devant leur maison pour contempler le spectacle tandis que des femmes manifestement très éméchées se poursuivent à l’intérieur du bar où nous sommes. Nous sommes bien contents d’être tombés sur cette fête si typique et continuons à nous interroger sur son objet. Nous découvrons sur des affiches qu’il s’agit de fêtes religieuses où on célèbre le Seigneur de Choquequirao, un saint local, et comprenons enfin. Et oui, nous sommes aujourd’hui lundi de Pentecôte et voici l’origine de la fête du village, tout à notre réalité de voyageurs nous avions complètement oublié ce jour férié. Le hasard fait bien les choses en nous offrant cette surprise qui ajoute au charme de ce petit village.
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