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Qu’on est bien au Chili !

Jeudi 7 Juin, Iquique

Notre dernier bus péruvien s’est finalement avéré assez confortable et nous avons plutôt bien dormi, si ce n’est de multiples réveils lors des arrêts intempestifs en pleine nuit. Nous arrivons à 7 heures dans la gare routière de Tacna où nous sommes une fois de plus accueillis par la mafia des rabatteurs qui veut à tout prix nous vendre tout un tas de prestations. Pas de chance, nous connaissons le chemin vers le Chili et nous contentons pour l’instant d’un petit déjeuner sommaire dans un bar à moitié ouvert. Nous attrapons ensuite un collectivo dans la gare routière et partons aussitôt pour Arica. La frontière est vite passée, nous nous amusons de la candeur du douanier chilien qui nous demande gentiment si nous transportons de la drogue dans nos sacs ! Euh, non, promis ce n’est pas notre genre. Hop, hop, nous voici déjà de retour à Arica où nous ne nous éternisons pas, réservant immédiatement deux places dans le prochain bus pour Iquique. Je redécouvre avec un peu de dépit les prix chiliens en allant acheter quelques provisions pour le voyage, finie la belle vie au Pérou, mes deux bananes et ma bouteille d’eau me coûtent aussi cher qu’un repas au restaurant.

Nous attaquons à 10h30 le dernier tronçon du voyage depuis notre départ hier soir de Puno. Les quatre heures trente de trajet sont ponctuées d’une pause très appréciée à un petit stand de jus de fruits frais où nous nous réveillons en avalant un bon jus d’ananas, ainsi que de multiples contrôles policiers. Le riche et développé Chili craint apparemment les trafics en tous genres venus de son voisin péruvien du nord plus modeste. En milieu d’après midi, nous arrivons enfin à Iquique et trouvons facilement un hôtel où les propriétaires semblent tout surpris de voir arriver des touristes. Comme d’habitude après un si long trajet, le moment le plus apprécié est la douche qui nous permet enfin d’enfiler des habits propres. Après les conditions de vie souvent difficiles du Pérou, nous apprécions d’être de retour dans un pays développé avec eau potable, chambre confortable et magasins à gogo. Avant le départ pour la Bolivie dans quelques jours, cette petite pause presque européenne fait du bien. C’est aussi pour nous comme souvent l’occasion de régler quelques détails pratiques : faire quelques achats utiles, envoyer un colis avec les souvenirs accumulés ces derniers mois et, moins drôle, trouver enfin un ophtalmologiste pour examiner mes yeux où de drôles de tâches noires continuent obstinément à clignoter et commencent à m’inquiéter sérieusement.

Pour l’instant, après cette courte nuit, nous nous contentons d’un rapide tour en centre ville, passant nous renseigner à la poste et dévalisant le supermarché local (rien de bien folichon, shampoing, savon, mouchoirs et quelques biscuits mais après des jours sans croiser le moindre magasin nous sommes paradoxalement très contents de faire des achats). Iquique nous fait une drôle d’impression : la ville est certes animée mais en même temps a un côté très vieillot. C’est d’ailleurs une caractéristique commune à toutes les grandes villes du Chili et qui ne cesse de nous surprendre. Ici on n’est pas à la pointe de la mode, au contraire, on a plutôt l’impression de visiter une petite ville de province française des annéees cinquante. Des magasins improbables subsistent, quincaillerie ou papèterie surannée alignant des rangées d’articles poussiéreux entassés sur des étagères. Les vitrines des magasins d’habits présentent le nécessaire de l’homme ou de la femme élégants d’il y a trente ans. Même les bâtiments publics, la poste, l’église ont un air kitsch qui nous amuse beaucoup. La place centrale bordée de batîments majestueux, casino, club des libanais ou grand hôtel semble tout droit sortie d’un décor de film. Pourtant, même s’il n’y a pas grand chose à voir dans cette ville, nous nous y sentons bien, ce sentiment de décalage temporel suffisant à nous distraire et à nous donner envie de continuer nos découvertes. Nous achevons nos joyeuses retrouvailles avec le Chili dans un restaurant qui veut emprunter au célèbre chic français, avec affiches de films ou de théâtre et carte d’inspiration française, où nous dégustons de délicieux poissons. C’est cette fois bel et bien notre dernier passage au Chili mais nous comptons bien profiter de ce pays que nous avons tant apprécié pendant les quelques jours qu’il nous reste.

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