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Au café des pélicans
Samedi 9 Juin, Iquique
Nous commençons la journée par une balade jusqu’au port, encore un de ces lieux insolites du Chili où quelques barques de pêche colorées sont alignées au bord d’une eau noirâtre et où de nombreux bistrots de guinguois servent des spécialités marines aux ouvriers de passage. Un petit marché improvisé permet aux pêcheurs d’écouler la prise du jour et, à la vue de ces magnifiques thons découpés sur place, nous regrettons de ne pas avoir de cuisine. L’animation ne profite pas qu’aux humains puisqu’une armada de pélicans s’est installée à proximité, guettant les déchets et les restes de poisson que les pêcheurs leur distribuent. Le spectacle est plutôt cocasse : une dizaine de pélicans sont bien sagement alignés le long du grillage bordant le marché, se bousculant pour être les mieux placés, me faisant irrésistiblement penser à un groupe de piliers de bar accoudés au café du commerce en attendant leur petit verre de blanc. Nous avons aussi la surprise de croiser des phoques qui prennent le soleil au bord de l’eau, nous ne nous attendions pas à les rencontrer à cette latitude. De grands vols de cormorans traversent le ciel par intermittence, étrangement synchronisés pour s’envoler en grands nuages au même instant. Cette ville est décidément bien étrange avec son port à demi désaffecté caché à deux pas de la ville. Au delà de la grande avenue et de ses pelouses qui bordent la mer, nous apercevons quelques bâtiments et tout de suite les dunes de sable du désert. Iquique, comme les autres villes côtières du nord Chili, est bizarrement coincée entre mer et désert et cela fait vraiment drôle de voir ce type de paysage à deux pas de l’eau.
Après un déjeuner rapide dans un kitschissime salon de thé qui semble ne pas avoir bougé depuis au moins cinquante ans et qui propose une carte longue comme le bras de sandwiches et jus de fruits frais, nous continuons notre balade par la célèbre Calle (rue) Boquedano où se trouvent les maisons les plus anciennes de la ville. Construites à l’époque du boom du salpêtre, matière première extraite dans les immenses mines du désert tout proche qui a fait la fortune de la ville au XIXème siècle, ces maisons de bois sont toujours debout bien qu’un peu délabrées. La remontée de la rue nous donne une petite idée de ce que pouvait être Iquique à son apogée, chacun rivalisant d’ingéniosité pour avoir la demeure la plus chic, avec de belles balustrades et des balcons ouvragés. Nous aboutissons ainsi à la plage, ventée et déserte à cette saison, où des surfeurs s’entraînent à chevaucher d’impressionnants rouleaux. Cette côte quasi déserte est décidément magnifique avec ses paysages sauvages et son océan indompté.
Il nous reste une dernière curiosité à découvrir, celle dont tout le monde nous parle depuis notre arrivée et qui fait apparemment la réputation du Iquique moderne. Il s’agit de la Zofri, c’est à dire la Zone Franche, dont les chiliens sont friands et qui offre tout un tas d’articles détaxés à des prix défiant toute concurrence. Nous n’avons pas vraiment d’emplettes à faire mais décidons d’aller quand même y faire un tour afin de voir à quoi cela peut bien ressembler. Nous trouvons un bus qui nous emmène à destination et nous dépose au milieu de ce qui ressemble à une de nos zones commerciales, plutôt déserte et calme d’ailleurs. Nous entrons dans le bâtiment principal et nous perdons dans les labyrinthiques allées étagées sur plusieurs niveaux et regroupant tout un tas de petites boutiques. Le spectacle est assez d’étonnant : rien qui vaille vraiment le coup, des prix plutôt peu intéressants par rapport à l’Europe, mais un incroyable bric à brac rassemblant sans aucune logique d’un magasin à l’autre tout un tas d’objets hétéroclites. Des commerçants indiens vendant encens et saris sont égarés au milieu de la galerie marchande, à côté on vend de tout, toujours au meilleur prix bien sûr, de l’ours en peluche bon marché à la chaîne Hi Fi en passant par tout un tas de gadgets électroniques ou des habits soldés au goût incertain. Les clients sont nombreux en cette fin d’après midi et nous nous amusons un moment de cette curiosité locale avant d’attraper un bus pour rentrer chez nous. Décidément nous sommes bien loin des centres commerciaux rutilants et rivalisant de préciosité de l’Asie, proposant toutes les dernières inventions au meilleur prix !
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