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Apte à reprendre la route

Mardi 12 Juin, La Paz

Nous commençons la journée de manière instructive en visitant le petit musée consacré à la coca, cette plante andine utilisée de tous temps par les habitants de l’altiplano et accusée de tant de maux par nos sociétés occidentales. Une légende rapportée par le musée annonçait d’ailleurs que les indiens sauraient faire bon usage de cette plante apportée par les dieux pour leur donner clairvoyance et courage tandis que l’homme blanc mépriserait sa force, en ferait mauvais usage et s’en retrouverait finalement esclave, ne trouvant que "poison pour son corps et folie pour son esprit"... prémonitoire, non ? Ce petit musée sans grands moyens regorge de trouvailles et d’informations intéressantes, abordant les différents aspects de cette plante controversée, de son utilisation traditionnelle aux laboratoires high tech installés au fin fond de la jungle bolivienne pour transformer la cocaïne. Depuis son classement parmi les plantes psychotropes par les occidentaux, les gouvernements n’ont eu de cesse d’éradiquer sa culture alors qu’elle fait pourtant profondément partie du patrimoine et de l’histoire des pays andins. Nous ressortons du musée moins bêtes et débarrassés de quelques idées reçues sur la coca, et continuons notre découverte des cultures andines par les rues les plus typiques du vieux La Paz (bien qu’un peu envahies par les touristes).

Nous remontons d’abord la rue Sagarnaga, perdant notre souffle au passage, et oui la montée est rude à cette altitude. Cela nous donne un prétexte pour flâner devant les multiples boutiques d’artisanat qui la bordent, proposant quantité de bibelots et de tissages aux couleurs vives, ponchos, pulls ou tapis. J’espérais faire un peu de shopping à La Paz, la ville étant réputée pour son artisanat à des prix défiant toute concurrence, mais je suis pour l’instant un peu déçue de ce que nous voyons, toujours les mêmes articles déjà croisés en Argentine et au Pérou, ni très soignés, ni très jolis. Nous poursuivons notre balade par une rue beaucoup plus dépaysante, celle du marché aux sorcières. Ce petit coin de la ville a en effet une spécialité plus qu’étrange : il abrite les stands dédiés aux différents gri-gris, amulettes, offrandes et autres croyances populaires ancrées dans la tradition indienne. Certaines "sorcières" se chargent de prédire l’avenir tandis que d’autres vendent tout ce qui est nécessaire à la confection d’offrandes pour les divinités ou à la protection contre les mauvais sorts. On y trouve ainsi de petites coupelles et les mystérieux ingrédients pour les garnir, dont la combinaison est le fruit de règles compliquées. Selon le but recherché par l’offrande, on pourra y déposer des sortes de bonbons colorés, des billets, des petits gâteaux ou d’autres symboles mystérieux. On peut aussi acheter tout un tas de fétiches et amulettes, petites bouteilles remplies de liquides et contenant un symbole de chance ou statuettes de divinités. Enfin, d’horribles foetus de lamas séchés nous contemplent du haut des stands, la tradition voulant que toute personne construisant une nouvelle maison en enterre un sous sa porte pour porter bonheur.

Après le déjeuner, il est déjà temps de passer à la partie moins agréable du programme : me rendre chez l’ophtalmologiste chez qui l’assurance a fini par me dénicher un rendez vous. J’appréhende un peu le fait de devoir décrire mes symptomes en espagnol et compte sur Thibaut qui révise le vocabulaire nécessaire afin de pouvoir me servir de traducteur ! Nous avons un peu de mal à trouver le cabinet du médecin, perdus dans les immeubles neufs des riches quartiers de La Paz mais je suis rassurée en constatant une fois arrivée qu’il a fait ses études aux Etats Unis et que je pourrai donc m’exprimer en anglais. Ce n’est déjà pas très drôle de consulter un médecin en France, alors devoir s’expliquer dans une langue étrangère ne m’enchante pas du tout. Heureusement, le médecin est très sympathique, parle couramment anglais et prend le temps de m’expliquer en détail d’où vient mon problème. J’apprends ainsi que je suis victime d’une "usure" de l’oeil qui normalement survient vers 50 ou 60 ans (euh... je ne suis pourtant pas si vieille !) et qui est totalement bénigne si on surveille les symptomes pouvant témoigner de son aggravement. Par sécurité, il préfère quand même que je refasse des examens dans une semaine ou deux avant que nous reprenions notre route et nous décidons donc de prolonger un peu notre séjour ici pour pouvoir revenir la semaine prochaine. Je sors de là un peu rassurée mais complètement aveuglée par le produit servant à l’examen, qui dilate la rétine et rend hypersensible à la lumière, un vrai bonheur à 4000 mètres d’altitude sous un soleil éclatant. Nous n’avons plus qu’à revoir notre programme pour profiter de ces quelques jours de pause au mieux avant, je l’espère, de pouvoir continuer le voyage tout à fait rassurés après le prochain examen.

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