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Mission Orage

Dimanche 8 Juillet, Posadas

Nous nous réveillons ce matin sous une pluie battante et qui ne semble pas décidée à s’arrêter. Finies les températures estivales d’hier, le temps a tourné à l’orage et les rafales se succèdent. Ayant déjà bien fait le tour de la ville hier et n’ayant pas envie d’être coincés encore plusieurs jours ici, nous décidons de maintenir malgré tout notre programme et d’aller visiter l’ancienne mission jésuite de la ville voisine, San Ignacio Mini (dont le nom me fait beaucoup rire à chaque fois que je le lis). La région de Posadas, dont la province porte d’ailleurs le nom de Misiones (Missions) en argentin, est en effet célèbre pour les ruines des missions jésuites installées ici au XVIIe siècle afin d’évangéliser les indiens. Ces édifices souvent monumentaux, vraies petites villes perdues dans la jungle où habitaient des milliers de personnes, furent édifiés au prix de nombreuses souffrances, guerres et épidémies puis abandonnés tout aussi brusquement quand le gouvernement décida l’expulsion des jésuites. Le film Mission qui raconte cette histoire incroyable a dû me marquer quand je l’ai vu dans ma jeunesse car je rêve depuis de visiter ce coin perdu et souvent ignoré des touristes.

Nous avons un peu de mal à arriver à destination car en ce dimanche les bus sont rares pour aller à la gare routière et nous mettons du temps à trouver le bon. Un peu plus d’une heure de route plus tard, nous arrivons finalement à destination, sous la pluie qui refuse de s’arrêter. Dommage car les paysages traversés pourraient être très beaux sous le soleil, forêt dense bordant une route rendue rouge vif par la couleur de la terre alentour. Notre organisation n’est pas au top ce matin : non seulement il est midi passé et nous n’avons pas le moindre pique-nique à nous mettre sous la dent avant la visite des ruines dans ce petit village perdu, mais en plus nous étions tellement persuadés que le beau temps finirait par revenir que nous voilà en T-shirts et sandales sans imperméable ni parapluie pour affronter la pluie et la chute brutale des températures. Nous jouons donc les touristes Bidochon et allons nous réfugier dans un des restaurants qui bordent le site, parant à notre problème immédiat de faim en espérant qu’une éclaircie résoudra celui de la pluie !

Notre stratégie semble payante car nous ressortons du restaurant sous un ciel toujours aussi bouché mais où la pluie semble s’être arrêtée pour l’instant. Dommage que le temps soit si mauvais car le paysage est vraiment magnifique : dans une végétation dense, les ruines des majestueux bâtiments des missions se détachent à travers les arbres, semblant encore perdues en pleine nature. On n’a pas de mal à imaginer ces endroits perdus loin de toute civilisation avec leur poignée de missionnaires idéalistes pensant de leur devoir d’évangéliser et civiliser les indiens des tribus environnantes. San Ignacio Mini compta plus de 3000 habitants à son apogée et une vraie petite ville s’était développée, avec des logements pour hommes et femmes, des bâtiments agricoles et bien sûr, la cathédrale, monumentale. Les pierres rouges contrastent avec le vert omniprésent des environs et les bâtiments ruinés sont particulièrement émouvants dans la brume qui les entoure. Thibaut est moins sensible que moi à la poésie du paysage, peut être faut-il avoir vu le film éponyme pour imaginer la vie ici ? Malgré la pluie et le froid, nous ne sommes donc pas déçus par cette visite. Je regrette au contraire de ne pouvoir poursuivre plus avant la découverte des autres missions et de celles du Panama voisin. Mais nos recherches d’hier n’ont rien donné quant à une agence susceptible de nous faire visiter les environs et par bus ce serait vraiment trop galère. Nous décidons donc de filer dès demain vers notre destination suivante, Iguazu, en espérant y retrouver le beau temps.

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