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Les oiseaux de Kota Bharu

Vendredi 8 septembre

Que d’oiseaux !

Nous avons a la fois la chance et la malchance d’etre a Kota Bharu un vendredi : la malchance car nous sommes ici dans un des etats islamiques de la Malaisie et que le vendredi correspond a notre dimanche, ce qui fait que tout est ferme, et la chance car le vendredi est le jour des competitions de chants d’oiseaux. Curieux de savoir a quoi ce type de concours peut bien ressembler, nous nous dirigeons donc vers les terrains prevus a cet effet. Pas de chance, le premier accueille maintenant... des buldozers et sera bientot transforme en immeuble. Nous reperons le second de loin grace aux piaillements d’oiseaux : cette fois nous sommes bien au bon endroit ! La premiere vision du champ ou se deroule le concours est plus que surprenante : 4 rangees de structures metalliques, sortes de longues barres posees sur des supports, accueillent des centaines de cages en bois contenant les oiseaux, qui chantent a qui mieux mieux. Les spectateurs sont masses au bord du champ, tandis qu des messieurs a l’air serieux (les juges ?), munis de petites fiches en carton, arpentent le terrain le long des cages en observant les oiseaux. Nous observons le spectacle, un peu perplexe, et avons la chance d’etre reperes par un chinois, retraite qui consacre ses vendredis a expliquer aux quelques touristes le fonctionnement de la competition. Il parle parfaitement anglais (nous apprendrons ensuite que c’est un ancien professeur !) et grace a lui nous comprenons mieux ce que nous voyons.

Le juge se concentre

Le concours se deroule en 3 manches au cours desquelles les oiseaux sont notes par des juges differents. Chaque juge observe un groupe de 4 oiseaux voisins pendant 2 minutes et note chacun selon 4 criteres : le nombre de fois ou il chante pendant le temps imparti, la duree de son chant, sa prestance (eh oui... telle une rock star, l’oiseau doit bouger et regarder fierement son public) et enfin la melodie du chant, qui doit etre harmonieux. Nous nous demandons bien comment font les juges car au milieu de tous ces oiseaux et du brouhaha de leurs cris, nous arrivons a peine a discerner lesquels chantent ou pas ! Les participants prennent la competition tres au serieux et nous comprenons pourquoi : les oiseaux doivent etre entraines pour bien chanter et ne pas avoir peur du bruit et le "dressage" d’un oiseau prend au minimum 2 ans avant qu’il ne puisse concourir. Ces oiseaux, appeles "bulbul" (prononcer bouleboule), viennent de la jungle malaise et, si un jeune oiseau peut etre achete pour pas grand chose dans les animaleries, un oiseau dresse ayant deja remporte des concours peut valoir plus de 400 euros, ce qui est enorme pour le pays.

Des cages magnifiquement travaillees

Les proprietaires chouchoutent donc leurs petits volatiles, loges dans de superbes cages sculptees, les plus belles en teck finement incruste de nacre, et nourris de bananes ou papayes fraiches. A l’issue de la competition, on compte les points des 3 manches et les proprietaires des oiseaux vainqueurs repartent avec des prix allant de la chaine hifi au cuiseur de riz, en passant par la couverture (pour que les femmes ne soient pas jalouses, nous dit notre guide). Nous nous regalons a observer les oiseaux dans leurs cages, leurs proprietaire papotant et commentant la competition au bord du terrain et les juges ecoutant les chants d’un air concentre.
Une fois le concours termine, M. Khor, notre guide chinois, nous propose d’aller decouvrir une autre curiosite de la ville, les "maisons a oiseaux", avec un autre touriste anglais arrive peu apres nous. Nous sommes un peu perplexes au debut (que peut bien etre une maison pour les oiseaux, bird house en anglais ?) et finissons par comprendre de quoi il s’agit.

Immeuble a oiseaux et un de ses locataires

Devant l’engouement des chinois de Hong Kong et de Chine pour les nids d’hirondelles, les chinois de Malaisie ont trouve une nouvelle idee de business tres lucratif : ils achetent des immeubles entiers, en condamnent toutes les fenetres, a part une entree sur le toit, refont l’interieur pour avoir de grandes pieces en beton, faciles a nettoyer et les transforment en logements pour oiseaux. Les hirondelles y trouvent un endroit proprice pour nicher : c’est calme, protege des predateurs et il y fait sombre et frais comme dans les grottes ou elles nichent quand elles vivent dans la jungle. Il suffit que quelques oiseaux s’y installent et passent le bon plan a tous leurs amis, et bingo ! L’heureux proprietaire de la maison pour oiseaux peut alors recolter les precieux nids tant convoites. Ceux-ci sont fabriques par les oiseaux avec leur salive, un peu avant la naissance des oisillons. Le proprietaire recupere le premier nid, l’oiseau ayant assez de salive pour en faire un second suite a la disparition mysterieuse du premier. Ainsi, tout le monde est content : l’oiseau est loge gratuitement, le proprietaire fait sa recolte et, encore mieux, les oisillons une fois devenus grands reviendront nicher dans la maison ou ils sont nes (nostalgie de leur enfance ?), accroissant ainsi la frequentation de celle-ci ! Les nids sont alors nettoyes des plumes et crottes d’oiseaux (miam) et revendus fort chers, puisqu’un kilo de ces delicieuses friandises se vend environ 600 euros (ils sont fous ces chinois !). Les nids sont consommes bouillis dans une sorte de soupe et n’ont pas de gout particulier, ressemblant a un sorte de "jelly" anglaise (re miam !). Ils ne sont donc pas consommes pour leurs qualites gustatives mais plutot pour leurs bienfaits supposes, qui vont d’une amelioration de la virilite pour les hommes, a une meilleure sante et une vie beaucoup plus longue !! Ma foi, il suffit d’y croire. Grace aux nombreuses relations de M. Khor, nous avons la chance de visiter une des maisons a oiseaux, d’habitude gardees secretes pour les non inities. De l’exterieur, on dirait un immeuble normal, a part qu’en regardant attentivement, on remarque que toutes les fenetres et aerations sont condamnees et que plusieurs oiseaux tournent autour du toit. La porte (blindee) est verrouillee de plusieurs chaines et cadenas !

Nid d’hirondelle : ca ne donne pas envie, non ?

A l’interieur, c’est impressionnant : une immense piece (un etage entier de l’immeuble) abrite des centaines d’oiseaux et leurs nids, sortes de petits ovales blancs un peu gelatineux accroches au plafond. De nombreux oiseaux vont et viennent pour sortir chercher a manger et rapporter leur nourriture aux petits. Le tout est plonge dans le noir et dans une odeur.. euh.. assez pu agreable ! C’est vraiment incroyable et nous n’en revenons pas de l’incroyable inventivite des chinois quand il s’agit de monter un business. Notre guide nous explique que les oiseaux sont en fait arrives ici suite a la deforestation en Indonesie qui les a chasses de leur habitat naturel et que c’est a ce moment la que certains chinois ont eu l’idee de creer les premieres maisons a oiseaux. Maintenant le business a pris une telle ampleur que certains font meme construire des immeubles neufs expres pour les oiseaux. Mais, ironie du sort, cela ne marche pas toujours car les oiseaux choisissent de nicher dans certains immeubles (generalement ceux qui sont les plus hauts et bien visibles) et refusent categoriquement de s’installer dans d’autres, au grand desespoir des proprietaires !

Notre guide nous explique qu’il profite de sa retraite pour accueillir ainsi tous les vendredis les touristes etrangers et faire visiter sa ville a ceux qu’il trouve sympathiques. Il nous propose d’aller dejeuner ensemble mais avant cela nous devons passer chez lui deposer ses oiseaux qui ont participe au concours et dont les cages sont toujours dans le coffre. Nous avons ainsi l’occasion de visiter une veritable maison malaise, assez ancienne, toute en bois et veritablement superbe. Les pieces sont tres grandes et agreablement fraiches malgre l’absence de climatisaton, juste grace aux aerations et courants d’air. Des cages a oiseaux sont suspendues au plafond un peu partout et ajoutent au charme de l’ensemble. Nous allons ensuite dejeuner dans une petite "cantine" chinoise que connait bien M. Khor ou nous sommes inities aux charmes du "wan tan mee", nouilles chinoises accompagnees de morceaux de viande de porc grilles et d’une petite soupe aux raviolis chinois. Nous nous regalons et apprenons au cours de la conversation tout un tas de choses sur la Malaisie et ses coutumes. A la fin du repas, notre hote insiste pour payer et nou inviter, pretextant qu’il profite de l’argent rapporte par un de ses oiseaux qui a fini 3e du concours. Tant de gentillesse nous epate ! Nous continuons la visite guidee l’apres midi en partant en voiture visiter 3 temples bouddhistes situes non loin de la ville en allant vers la frontiere thailandaise et tres infuences par le style thai. Le premier contient le plus grand Bouddha couche d’Asie du Sud est, 40m de long et 11m de haut ! En gros (c’est le cas de le dire), les orteils du bouddha font un peu pres notre taille, si jamais il nous prend l’envie de nous allonger cote de lui. C’est tres impressionnant et malgre sa taille ce Bouddha a un visage agreable, degageant une grande serenite. Nous visitons ensuite 2 autres temples aux influences thai et chinoises melangees avant de revenir en ville. M. Khor est desole car il doit partir pour Singapour ce soir et ne pourra donc pas nous inviter pour gouter d’autres specialites malaises, comme il aurait aime pouvoir le faire ! Decidement, c’est vraiment quelqu’un d’adorable et nous notons son adresse et son mail afin de pouvoir le remercier pendant la suite du voyage.

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